Leschampignons cultivés dans cette ferme urbaine sont vendus dans les épiceries bio parisienne. LP/O.C. LP/Olivier Corsan. Décidément jamais à cours d'idées, la start-up abrite également
Revivre les moissons Ă l'ancienne Dans les annĂ©es 1950, il fallait douze personnes pour battre 100 quintaux de blĂ© par jour. Aujourd'hui, une batteuse fait 400 quintaux Ă l'heure, Ă la journĂ©e et il n'y a qu'une personne », sourit Serge Patillault, 83 ans. L'Ă©poque qu'il a connue est plus que rĂ©volue. C'est celle qu'il fera revivre ce week-end Ă la ferme du Grand Carrouge de Saint-Maurice-sur-Aveyron. Avec des amis, il effectuera des dĂ©monstrations de moissons et battages Ă l'ancienne. L'Ă©tĂ©, on couchait dans la paille. Les toilettes se faisaient dans l'abreuvoir aux vaches » Une premiĂšre fĂȘte a eu lieu l'an dernier. On est une Ă©quipe de copains qui a du matĂ©riel ancien. On s'Ă©tait dit que ce serait bien de faire une fĂȘte entre nous, pour s'amuser », explique Christian Merlin. Cette annĂ©e, la municipalitĂ©, le comitĂ© des fĂȘtes et des associations nous ont rejoints et la manifestation sera ouverte au public. » Ces hommes ĂągĂ©s de 70 Ă 80 ans remonteront sur les machines et feront des gestes qu'ils connaissent par c'ur. Ă 14 ans, j'Ă©tais dĂ©jĂ en haut de la batteuse pour couper les ficelles des gerbes », se souvient Serge, fils d'entrepreneur. Mon pĂšre avait trois batteuses Ă blĂ© et une Ă trĂšfle. Quand on Ă©tait gamin, on commençait comme ça. » Ce que confirme Christian Merlin A 12 ans, on Ă©tait dans les champs, on savait travailler. » MĂȘme si ce travail Ă©tait Ă©prouvant, dans la poussiĂšre, on en garde des bons souvenirs », avance Serge Patillault, qui allait de ferme en ferme. En Ă©tĂ©, pendant la moisson, les journĂ©es commençaient Ă six heures. Une premiĂšre pause pour dĂ©jeuner avait lieu Ă 7 h 30. Le travail reprenait Ă 8 heures et jusqu'Ă midi. AprĂšs avoir mangĂ©, les paysans rĂ©attaquaient Ă 13 heures pour terminer Ă 20 heures. Et cela pouvait ĂȘtre sept jours sur sept. On Ă©tait une dizaine d'ouvriers autour de la batteuse. Il y en avait toujours un qui faisait une blague », se remĂ©more Bernard, le frĂšre de Serge. Et les filles nous apportaient Ă boire. Les clients Ă©taient aussi nos amis. » Et Serge de renchĂ©rir L'Ă©tĂ©, on couchait au pied des meules, dans la paille. Les toilettes se faisaient dans l'abreuvoir aux vaches. » Les repas Ă©taient prĂ©parĂ©s par les fermiers. CompliquĂ© pour la vie de famille Le travail, ils l'ont vu Ă©voluer en 60 ans. C'Ă©tait de plus en plus facile, ça allait de plus en plus vite », reconnaĂźt Christian Merlin. OubliĂ©s les sacs de 100 kg Ă porter sur le dos. Avant, les machines faisaient entre 1,70 et 2 mĂštres de coupe. Aujourd'hui, elles font 12 mĂštres. C'est obligatoire avec les surfaces qu'ont les jeunes maintenant. Ils ne peuvent pas se permettre de couper 1,5 hectare Ă l'heure », explique Bernard Patillault, qui reconnaĂźt que pour la vie familiale ce travail n'Ă©tait pas Ă©vident. De juillet Ă fĂ©vrier, on n'Ă©tait pas souvent Ă la maison. Nos enfants ont souffert de ne pas nous voir. » MalgrĂ© tout, ils ont suivi les mĂȘmes pas que leurs parents. Mais le mĂ©tier a bien changé⊠Ú Pratique. Ă la ferme du Grand Carrouge Ă Saint-Maurice-sur-Aveyron, samedi et dimanche, de 10 Ă 19 heures, moissons et battages Ă l'ancienne. Exposition de matĂ©riels agricoles des annĂ©es 1945 Ă 1960. Promenades en calĂšche. EntrĂ©e gratuite. AurĂ©lieJournĂ©e dĂ©couverte des mĂ©tiers d'art Manifestation culturelle, Exposition, Portes ouvertesïRouffignac-Saint-Cernin-de-Reilhac 24580ïLe 11/07/2021Venez dĂ©couvrir lâAtelier des CrĂ©ateurs» est une boutique dans le bourg de Rouffignac-St Cernin, situĂ© place de la MĂ©moire. Le collectif de 13 crĂ©ateurs propose des bijoux, des tableaux, des vĂȘtements customisĂ©s, des sculptures, de la cĂ©ramique et de la dĂ©coration. L'Atelier de Satori, bijoux, tableaux, objets de dĂ©coration B2c crĂ©ations dĂ©coration, tapissiĂšre en ameublement, vĂȘtements customisĂ©s B2c, mobilier, luminaires, dĂ©co, cuir repoussĂ© Artderien, bijoux et accessoires Goulj, peintre dĂ©corateur, sculptures, tableaux, mobilier Et si, crĂ©ations tissus Ă©coresponsables Alb, crĂ©ations wood art Atelier crĂ©ations nature, sculptrice sur bois Button Badger, cĂ©ramiste L'Atelier Minaka, sĂ©rigraphiste La Fabrique de Miss Red, artisan bijoutier Viviane Mercier, peintre mĂ©dium MĂ©lipĂ©lo, luminaires et crĂ©ations en calebasse Eneka crĂ©ations, bijoux et accessoires Natantia, bijoux en repercĂ©
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Mais ce mythe grossit trĂšs largement la lire aussiVacances vintages la nationale 7 en DS cabrioletComme lâexplique au Figaro lâhistorien AndrĂ© Rauch, professeur Ă©mĂ©rite Ă lâUniversitĂ© de Strasbourg, une large majoritĂ© des salariĂ©s français ont profitĂ© de ces premiers congĂ©s pour retaper» leur intĂ©rieur, pour partir au vert un jour ou deux Ă vĂ©lo sans sâĂ©loigner beaucoup de leur domicile et surtout pour rentrer Ă la campagne retrouver leur famille, histoire de donner le coup de main». En 1936, la civilisation des vacances» - expression de Claude Goguel, auteur dâune enquĂȘte de lâINSEE de 1967 sur les vacances des Français - est loin dâĂȘtre intĂ©riorisĂ©e par les Français. En 1938, il y a lâinflation, puis en 1939, câest la guerre. Ă la libĂ©ration, la situation est difficile. Il y a des tickets de rationnement jusquâen 1949», rappelle lâauteur de lâouvrage Les vacances des Français de 1830 Ă nos Renault 4 CV, moteur des vacances. AFP/AFPLa massification des vacances commence lentement dans les annĂ©es 1950, portĂ©e par la croissance des Trente glorieuses», qui va durer jusquâau premier choc pĂ©trolier, en 1974. Un moment trĂšs important est le lancement de la Renault 4CV, une voiture populaire, la premiĂšre produite en grande sĂ©rie en France», raconte AndrĂ© Rauch. La motte de beurre» - câest son surnom dĂšs son lancement en 1947 - devient rapidement lâun des symboles des congĂ©s payĂ©s et des grandes vacances, beaucoup plus que sa concurrente de chez CitroĂ«n, la 2 CV, dont les dĂ©buts sont trĂšs lents. Avec la pĂ©nurie dâacier, il faut alors attendre trois Ă cinq ans avant de recevoir sa Deuche». La 4CV est lâun des grands moteurs des vacances, mais marque aussi un changement. Dans cette petite voiture, on met les parents, les enfants, mais pas la belle-mĂšre», plaisante AndrĂ© Rauch. Avec la dĂ©mocratisation de la voiture et le dĂ©veloppement des campings, câest le dĂ©but de vacances oĂč parents et enfants dĂ©cident dâaller ailleurs que dans leurs familles», reprend-il plus TrĂ©net chante la Nationale 7Ă partir de la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1950, les Français commencent Ă emprunter largement les routes nationales et Ă investir massivement les campings sur les cĂŽtes. Ă lâĂ©tĂ© 1955, sur la route des vacances, ils chantent Nationale 7, le succĂšs estival de Charles TrĂ©net, qui emprunte lui-mĂȘme cette route mythique de 996 km, reliant Paris au sud de la France, pour se rendre dans sa propriĂ©tĂ© de Juan-les-Pins Nationale Sept/Qui fait dâParis un pâtit faubourg dâValence/Et la banlieue dâSaint-Paul de Vence/Le ciel dâĂ©tĂ©/Remplit nos cĆurs de sa luciditĂ©/Chasse les aigreurs et les aciditĂ©s/Qui font lâmalheur des grandes citĂ©s/Tout excitĂ©es/On chante, on fĂȘte/Les oliviers sont bleus ma pâtite Lisette/Lâamour joyeux est lĂ qui fait risette/On est heureux Nationale 7».En deux vagues successives - juillet et aoĂ»t -, toute la France se rĂ©fugie-t-elle pour autant sur la CĂŽte dâAzur? Loin de lĂ , en rĂ©alitĂ©. Il faut relativiser la place de la Nationale 7, il nây a pas quâelle! Pour les parisiens, il y a aussi la cĂŽte Atlantique et celle de la Manche», rappelle AndrĂ© Rauch. La campagne demeure une valeur forte. En 1959, sur les 45 millions de Français, 10 millions partent en vacances lâĂ©tĂ©, 35% choisissant encore la campagne contre 34% la mer. La Nationale 7 est plutĂŽt le signe extĂ©rieur des vacances». Ce qui change fondamentalement, câest la prĂ©fĂ©rence qui est progressivement donnĂ©e Ă lâeau, Ă la mer, alors quâil y avait auparavant un privilĂšge de la terre et de la campagne», explique lâhistorien, qui cite Gaston Bachelard, philosophe auteur de plusieurs essais sur les quatre Ă©lĂ©ments, notamment Lâeau et les rĂȘves et La Terre et les rĂȘveries du des Français sont partis en vacances en 1964, contre 64% en 2017. Service Infographie Le FigaroLa mer dĂ©trĂŽne la campagneAutre changement majeur avec la civilisation des vacances, il faut dĂ©sormais ĂȘtre hĂąlĂ© - bronzĂ©, ce sera pour plus tard... Câest un autre signe extĂ©rieur des vacances. Dans la culture collective, quelquâun qui revient blanc comme un cachet dâaspirine nâa pas pu prendre de vacances», commente AndrĂ© Rauch. Cette prĂ©fĂ©rence pour un teint mĂątinĂ© par le soleil se heurte tant Ă la vieille culture aristocratique quâĂ celle du peuple. Dans la haute sociĂ©tĂ©, jusquâaux annĂ©es 50, tout Ă©tait fait pour ĂȘtre le plus blanc possible. Plus largement, un souci hygiĂ©niste trĂšs ancien est demeurĂ© longtemps. Il fallait Ă tout prix protĂ©ger sa peau du soleil. Les paysans portaient chemises Ă manches longues et chapeaux», prĂ©cise lâhistorien, qui poursuit Dans les dĂ©cennies dâaprĂšs-guerre, nous nous sommes peu Ă peu familiarisĂ©s avec notre corps. On oublie que la salle de bains est une crĂ©ation rĂ©cente. Câest pourtant lâespace domestique oĂč lâon prend soin de soi». Dans ce nouveau cadre, la mer et la plage deviennent le lieu public par excellence de cette nouvelle familiaritĂ© des parenthĂšse enchantĂ©eLes vacances sont alors vĂ©cues comme une coupure radicale dans lâannĂ©e. Pendant onze mois, on travaille ; pendant un mois, on tourne la page. Les vacances sont alors synonymes de dĂ©lassement, de repos. Dans cette civilisation des vacances, on ne faisait pas forcĂ©ment grand-chose. Sâennuyer de temps en temps Ă©tait normal», poursuit AndrĂ© Rauch. Les vacances reprĂ©sentaient ainsi une forme de parenthĂšse enchantĂ©e. Dans les annĂ©es 1960, pendant les vacances, on ne comptait pas. On consommait ce quâon avait Ă©pargnĂ© pendant le reste de lâannĂ©e. Ăa scandalisait les ministres du GĂ©nĂ©ral de Gaulle!», poursuit lâauteur de Les vacances de Français de 1830 Ă nos les ingrĂ©dients sont rĂ©unis pour une victoire triomphale de la civilisation des vacances». AprĂšs les accords de Grenelle en 1968, les salaires ont augmentĂ©. Le SMIG, notamment, a bondi de 35%. Depuis 1936, les deux semaines de congĂ©s payĂ©s se sont Ă©largies Ă trois dĂšs 1956, puis Ă quatre en 1969. Ainsi, cette annĂ©e-lĂ , 45% des Français partaient au moins une fois en vacances dans lâannĂ©e. Ils sont 51%, cinq ans plus tard, en 1974. Plus dâun demi-siĂšcle aprĂšs le dĂ©but de cette civilisation des vacances», quâen reste-t-il? Lâautoroute a remplacĂ© les nationales, lâavion permet dâaller plus loin, les vacances se morcellent, Ă©talĂ©es sur lâannĂ©e. Une autre page de lâhistoire des vacances sâ DĂ©couvrez tous les bons plans et codes promo Ouigo pour voyager moins chersTokyoGodfathers [Ădition Deluxe LimitĂ©e et numĂ©rotĂ©e] [DVD] - TRĂS BON ĂTAT. Occasion. 40,90 EUR. Vendeur 100% Ă©valuation positive. Platon. La rĂ©publique. Edition de luxe et limitĂ©e, de 1967, ouvrage numĂ©rotĂ©.Le Bus Palladium ferme ses portes Ă Paris Club de rock mythique de Pigalle ouvert dans les annĂ©es 1960, il va ĂȘtre remplacĂ© par un hĂŽtel. Stephane Cardinale - Corbis via Getty Images Mathieu Chedid, ici sur la scĂšne du Bus Palladium. Stephane Cardinale - Corbis via Getty Images MUSIQUE - Le rideau de fer est baissĂ© pour de bon. Ce jeudi 17 fĂ©vrier, le Bus Palladium, club de rock mythique de la capitale Ă Pigalle, a annoncĂ© sur Facebook quâil fermait dĂ©finitivement ses portes Ă compter de la mi-mars. âDouze ans de souvenirs, de rencontres, de soirĂ©es mĂ©morables et de reformations improbables, Ă©crit le tenant des lieux, Cyril Bodin, sur le rĂ©seau social. Je prĂ©fĂšre voir le verre Ă moitiĂ© plein et ne retenir quâune chose la chanceâ, celle dâavoir pu piloter un tel engin, moi qui nâai mĂȘme pas le permis.â Il ajoute âCeux qui venaient, qui ne sont jamais venus, qui ne sont jamais partis, ceux qui auraient aimĂ© y jouer, y rejouer... Il nous reste un mois. Je veux le bordel tous les soirs. Le Bus restera donc ouvert Ă la programmation Ă©galement en semaine.â Le Bus Palladium est nĂ© au tournant des annĂ©es 1960. Ă lâorigine de la discothĂšque, un homme dâaffaires du nom de James Arch. Câest lui qui a eu lâidĂ©e de mettre en place un systĂšme de bus permettant aux jeunes de banlieue de rejoindre les clubs de Paris, aprĂšs quoi il a dĂ©cidĂ© de crĂ©er sa propre boite de nuit. ImplantĂ©e au 6 rue Pierre-Fontaine, dans le IXe arrondissement de Paris, elle a pris le nom de Bus Palladium en rĂ©fĂ©rence Ă la cĂ©lĂšbre boĂźte de New York, le Palladium, et un article de Jacques Chancel intitulĂ© Des bus pour le Palladium. Les Beatles, TĂ©lĂ©phone, ou plus rĂ©cemment les BB Brunes et Pete Doherty... On ne compte plus le nombre de groupes de rock Ă y avoir jouĂ©. De nombreuses stars sây sont rendues en simples spectatrices, comme Lady Gaga ou la chanteuse de Gossip Beth Ditto. Stephane Cardinale - Corbis via Corbis via Getty Images Stephane Cardinale - Corbis via Corbis via Getty Images Dâautres chanteurs, Ă lâinstar de Michel Delpech et LĂ©o FerrĂ©, lui ont consacrĂ© des morceaux. Un film, intitulĂ© Bus Palladium, porte mĂȘme son nom. Il est sorti en 2010 et raconte lâhistoire dâun groupe de rock brisĂ©. Lâavenir de la salle de spectacles est moins rockân roll. DâaprĂšs son actuel responsable, lâimmeuble va ĂȘtre entiĂšrement rasĂ© âpour faire place Ă un hĂŽtelâ. Cependant, Cyril Bodin ne baisse pas les bras. Il dit quâil ânâest pas impossible que le club soit reconstituĂ© Ă lâidentiqueâ. Mais pour ça, il faudra compter deux ans de travaux minimum. Il conclut âJe ne veux pas voir de smiley qui chiale, mais des pouces et des cĆurs parce quâil y a une vie aprĂšs le Bus.â Ă voir Ă©galement sur Le HuffPost On a fait Ă©couter du rock français Ă MĂ„neskin 38Chapitre IV t Les Travaux Ă la ferme et dans les champs PREMIERE PARTIE - MARIA ET LES TRAVAUX DANS LES CHAMPS Les souvenirs Ă©voquĂ©s ci-dessous concernent seulement sa troisiĂšme pĂ©riode Ă la ferme entre 1924 et 1930, quand elle avait entre 16 et 22 ans. On trouvera les informations sur la participation des enfants au travail de la
Anne-Marie Sohn a trouvĂ© l'amour dans les archives judiciaires. Quoi de mieux, pour fouiller l'intimitĂ© d'une Ă©poque pudique, que le rĂ©cit des grands dĂ©ballages dans les prĂ©toires? On s'y exprime vertement, on raconte des dĂ©tails qu'ailleurs on tait. Pour peindre le paysage amoureux de la fin du XIXe siĂšcle aux annĂ©es 1960, la professeure d'histoire contemporaine Ă l'universitĂ© de Rouen a aussi Ă©pluchĂ© lettres et journaux intimes. Mais les textes, rappelle-t-elle, ne donnent souvent qu'une vision masculine du sujet, car longtemps il fut difficile pour les femmes d'Ă©voquer leur sexualitĂ©. Depuis, elles se sont bien rattrapĂ©es. A l'aube du XXe siĂšcle, au sortir d'une pĂ©riode corsetĂ©e et, on l'a vu, mal dans sa peau, s'amorce une rĂ©volution des moeurs qui va lentement mĂ»rir jusqu'aux annĂ©es 1960. Il a donc fallu cent ans, marquĂ©s de surcroĂźt par les deux guerres mondiales, pour inventer la nouvelle libertĂ© de l'amour ? Anne-Marie Sohn Il a fallu en effet un long cheminement des mentalitĂ©s pour que les individus osent s'affranchir de l'influence de la religion, de la famille, du village, des solidaritĂ©s de mĂ©tier. Comme l'a racontĂ© Alain Corbin, de nouveaux comportements se sont Ă©veillĂ©s Ă la fin du XIXe siĂšcle, en opposition avec la morale officielle, victorienne. Ils vont se dĂ©velopper au XXe siĂšcle, provoquant une rupture Ă©thique dans l'histoire des rapports entre hommes et femmes. Ce sont les gens modestes, et en premier les femmes, qui s'engagent sur cette voie. Offre limitĂ©e. 2 mois pour 1⏠sans engagement RETROUVEZ >> Notre dossier sur l'amour et le sexe au fil des siĂšcles et l'article sur les moeurs au XIXe, siĂšcle des oies blanches et des bordels" Petit Ă petit, elles rompent avec le vieux modĂšle de la virginitĂ© Ă laquelle la religion les soumettait, elles surmontent la peur de l'opinion et la hantise de l'enfant non dĂ©sirĂ©, elles prennent de plus en plus de risques. Comment se manifeste cette libĂ©ration? La premiĂšre grande mutation, c'est la fin du mariage arrangĂ©, effective vers 1920, d'abord dans les milieux populaires, oĂč rĂšgne une grande libertĂ© de moeurs et oĂč l'on est moins guidĂ© par les intĂ©rĂȘts patrimoniaux. L'exode rural et le salariat rendent les jeunes gens plus autonomes ceux qui "montent" Ă Paris n'ont plus leur pĂšre, ni M. le CurĂ©, ni le maire du village pour les surveiller. Ils cherchent naturellement Ă ĂȘtre heureux. Le du bonheur n'est-il pas de vivre avec quelqu'un que l'on a choisi et avec qui on s'entend bien? L'idĂ©e remonte les classes sociales, jusqu'aux bourgeois on affirme dĂ©sormais que les relations matrimoniales doivent ĂȘtre d'abord fondĂ©es sur un sentiment rĂ©ciproque. L'amour devient le ciment du couple. Le mariage de convenance paraĂźt alors honteux. DĂšs lors, on cultive le sentiment amoureux, on en est fier. Les lettres d'amour, abondantes au dĂ©but du siĂšcle dans les milieux populaires, le montrent Ă l'Ă©vidence elles sont maladroites, bourrĂ©es de fautes d'orthographe, mais dĂ©veloppent une rhĂ©torique enflammĂ©e. Entre 1900 et 1939, les cartes postales amoureuses reprĂ©sentent gĂ©nĂ©ralement un couple dans un dĂ©cor bucolique l'homme tend Ă sa compagne un bouquet de fleurs. L'image est souvent accompagnĂ©e d'une courte poĂ©sie "Je suis tout entier Ă vous. Mon coeur est Ă vos genoux. Un mot de vos lĂšvres fera mon bonheur." C'est une vĂ©ritable soif d'aimer qui s'exprime soudain. Oui. Maintenant, il faut aimer! C'est la rĂšgle. On commence Ă s'en convaincre si on ne connaĂźt pas l'amour, on gĂąche sa vie. Et on passe petit Ă petit de l'idĂ©e qu'il faut aimer son mari ou sa femme Ă l'idĂ©e, autrefois scandaleuse, qu'il faut vivre ses amours quand elles surviennent. Certaines personnes suivent leurs engouements, se marient en trois mois, divorcent, cherchent ailleurs... D'autres trouvent la tendresse dans l'adultĂšre, se jettent dans les bras d'un jeune homme sans l'assurance du mariage... Celui-ci reste donc toujours Ă l'horizon ? Bien sĂ»r. L'amour est revendiquĂ©, mais les nĂ©cessitĂ©s sociales ne disparaissent pas. On se rencontre au travail, Ă l'usine, au champ, au mariage de la cousine Â-un grand classique- ou dans les fĂȘtes du village, c'est-Ă -dire dans le mĂȘme milieu social. Le cancan est une danse exĂ©cutĂ©e en couple, trĂšs populaire dans les BĂ©raud, le CafĂ© de Paris, vers 1900/Wikimedia CommonsCertains aiment au-dessus de leur condition, mais s'exposent Ă l'opposition des parents. Les jeunes filles ont cependant plus de latitude. Un quart des ouvriĂšres parviennent Ă se marier avec un homme de la petite-bourgeoisie les ouvriers, eux, ne font pas de "beaux" mariages. C'est le rĂ©sultat de la sĂ©duction, qui prend de plus en plus d'importance. DĂ©sormais, il faut plaire. Les jeunes gens ont plus de libertĂ© pour se rencontrer et flirter. Oui. Les lieux de loisirs se multiplient. Le dimanche, les cafetiers ouvrent des bals dans leur arriĂšre salle. Au dĂ©but, il y aura un violoneux. Puis, ce sera le phono, le dancing, le cinĂ©ma et, aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, les boĂźtes et les surprises-parties. GrĂące Ă la bicyclette, puis aux services d'autocar, dĂšs l'entre-deux-guerres, on va de fĂȘte en fĂȘte. Savoir danser devient le passeport indispensable de l'amour. Les jeunes gens prennent l'habitude de sortir le dimanche, de se revoir. Ils se "frĂ©quentent". On imagine que, dans un tel contexte, la sexualitĂ©, elle aussi, se libĂšre. C'est l'autre grande transformation du moment. DĂšs l'entre-deux-guerres, la morale sexuelle se fait de plus en plus Ă©lastique. Certes, l'Eglise n'accepte la sexualitĂ© conjugale que mise au service d'une fĂ©conditĂ© illimitĂ©e. Mais un nombre croissant de catholiques affirment que l'amour et le plaisir sont indissociables. Et les interdits tombent. "Sexe" et "coĂŻt" le langage se libĂšreOn le voit dans le vocabulaire jusque-lĂ , les relations sexuelles Ă©taient Ă©voquĂ©es de façon euphĂ©mique ou Ă l'aide d'un lexique renvoyant Ă la saletĂ© ou au pĂ©chĂ©. DĂ©sormais, on utilise des termes anatomiques, et on dit "sexe", "vagin", "coĂŻt"... Le langage se libĂšre. Les consciences aussi. Tout cela dĂ©culpabilise les pratiques sexuelles. Mais on ne parle toujours pas de sexualitĂ© aux adolescents. Qu'en savent-ils alors? Rien. ExceptĂ© dans certains milieux populaires oĂč on est assez franc, notamment sur le chapitre des maladies vĂ©nĂ©riennes, le silence prĂ©vaut dans les familles jusque dans les annĂ©es 1960. La seule Ă©ducation amoureuse est nĂ©gative "Fais attention, mĂ©fie-toi des garçons !" rĂ©pĂšte-t-on aux filles. "MĂ©fie-toi des filles de mauvaise vie!" dit-on aux garçons. A chacun de glaner des informations lĂ oĂč il peut. Mais les parents veillent. Simone de Beauvoir raconte comment, dans l'entre-deux-guerres, sa mĂšre collait les pages tendancieuses des livres pour qu'elle n'y ait pas accĂšs. Sur ce plan, les filles ne sont pas placĂ©es Ă la mĂȘme enseigne que les garçons. La notion de la nĂ©cessaire initiation du jeune homme subsiste. Dans le monde masculin, on se moque des puceaux. Le jeune homme se dĂ©niaise avec des prostituĂ©es ou une fille "lĂ©gĂšre". Mais il trouve rarement une partenaire de son Ăąge. Car, pour traduire son amour en sexualitĂ©, la jeune fille veut avoir l'assurance d'ĂȘtre Ă©pousĂ©e. Dans la bourgeoisie, on reste attachĂ© Ă la virginitĂ© fĂ©minine si la future Ă©pouse n'a pas Ă©tĂ© vertueuse avant le mariage, elle risque de ne pas l'ĂȘtre ensuite c'est la vieille hantise de ne pas ĂȘtre le pĂšre de son enfant. D'oĂč, en effet, une inĂ©galitĂ© complĂšte des comportements sexuels entre filles et garçons. Cela dit, ces derniers ne peuvent pas faire n'importe quoi. Qu'est-ce qui est rĂ©prouvĂ©? Il est trĂšs mal vu qu'un jeune homme noue une liaison avec une femme mariĂ©e ou qu'il engrosse une jeune fille sans l'Ă©pouser. Si on fait une "bĂȘtise", comme on disait alors, il faut la rĂ©parer on "fĂȘte PĂąques avant les Rameaux", c'est-Ă -dire que l'on se marie avec la fille enceinte. Si le garçon prend la fuite, il est unanimement condamnĂ©. Dans les milieux libĂ©rĂ©s, comme chez les ouvriers parisiens, oĂč l'on vit en concubinage, on ne fait pas un drame si un enfant naturel survient. Mais, d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les filles sont prudentes, et trĂšs surveillĂ©es. Au fil des annĂ©es, pourtant, se dĂ©veloppe l'idĂ©e que l'amour et la sexualitĂ© vont ensemble, et que, si on est sĂ»r d'aimer, on peut prendre le risque d'aller plus loin. Les liaisons avant le mariage vont se dĂ©velopper de maniĂšre impressionnante. Un cinquiĂšme des filles ont des relations prĂ©nuptiales Ă la Belle Epoque. Elles sont environ un tiers pendant l'entre-deux-guerres et la moitiĂ© dans les annĂ©es 1950. Plus d'amour dans le couple, cela veut-il dire aussi plus de tendresse? Les relations Ă l'intĂ©rieur du couple sont un peu plus Ă©galitaires, mĂȘme si les femmes sont toujours chargĂ©es des tĂąches mĂ©nagĂšres et Ă©ducatives. Pour l'opinion, le mari violent n'est plus le maĂźtre, mais un homme brutal, que l'on dĂ©sapprouve. Mais on peut se demander si l'affirmation du sentiment amoureux n'aboutit pas aussi Ă des formes de domination masculine plus insidieuses la femme se soumet non plus par pression mais par amour. Toutes les manipulations affectives sont possibles, telle la jalousie tyrannique exercĂ©e par certains maris. Le couple s'Ă©rotise. L'acte sexuel lui-mĂȘme, conduit jusque-lĂ de maniĂšre assez primitive, va-t-il s'adoucir? Oui. Dans l'entre-deux-guerres, les caresses se gĂ©nĂ©ralisent, ainsi que le baiser profond sur la bouche, autrefois jugĂ© scandaleux, mĂȘme en privĂ© un arrĂȘt de la Cour de cassation de 1881 le jugeait constitutif du crime d'attentat Ă la pudeur!, qui devient maintenant le symbole de la passion. Au lit, l'accent est mis sur les prĂ©liminaires. MĂȘme si les femmes refusent catĂ©goriquement la sodomie, qui va jusqu'Ă une forme de viol exercĂ© dans un esprit de domination, la sexualitĂ© buccale se dĂ©veloppe. Cela va de pair avec le progrĂšs de l'hygiĂšne intime. L'amour sans plaisir, une situation embarrassanteMais les femmes gardent une ancienne pudeur. Dans les milieux populaires, mĂȘme si on fait parfois l'amour en plein jour, Ă l'Ă©curie ou sur la huche, on garde ses vĂȘtements. Et dans la chambre conjugale, on se dĂ©shabille, mais on reste dans le noir. S'aimer, ce n'est pas s'abandonner. Cependant, Ă partir des annĂ©es 1930, les femmes vont Ă la plage, elles portent un short, une jupe-culotte, elles montrent leurs jambes. Petit Ă petit, le corps se dĂ©voile. Et le plaisir fĂ©minin, jusque-lĂ niĂ©? Les mĂ©decins s'inquiĂštent de voir des traumatismes subis par ces oies blanches qui arrivent au mariage dans la plus grande ignorance. Les femmes ne parlent pas du plaisir, mais elles y pensent. Certaines trompent leur mari, le plus souvent avec quelqu'un de plus jeune, et se dĂ©fendent en disant "Il est plus habile que toi." Ce qui veut bien dire qu'elles recherchent le plaisir. L'absence de sexualitĂ© heureuse dans le couple, mĂȘme amoureux, commence Ă devenir une source de tracas. L'idĂ©al, c'est donc de former un couple non seulement amoureux, mais aussi sexuellement Ă©panoui. Le mariage, le sentiment, le plaisir sont rĂ©unis. De toute notre histoire de l'amour, c'est la pĂ©riode la plus idĂ©aliste! L'idĂ©al est en effet de lier les trois. En plus, on veut des enfants, ce qui complique la gageure. Et on travaille, de surcroĂźt! La barre est donc placĂ©e trĂšs haut. Et rares sont ceux qui l'atteignent. Alors, Ă partir des annĂ©es 1930, certaines femmes, notamment catholiques, commencent Ă vivre dans le leurre, tentant de se persuader que tout va bien; elles restent mariĂ©es par devoir, mais se noient dans l'amertume. Autre revers de la mĂ©daille les couples fondĂ©s sur l'amour se brisent plus facilement qu'avant. De 75 Ă 80% des demandes de divorce sont formulĂ©es par des femmes. Les guerres mondiales modifient-elles cette Ă©volution? La rĂ©volution amoureuse n'a pas connu de rupture. Je crois que la sexualitĂ© et l'amour ont une chronologie indĂ©pendante des Ă©vĂ©nements politiques. Certes, il y a la frustration des soldats, l'homosexualitĂ© latente au front, dont on ne sait rien... Certains soldats ont connu de terribles violences. Comment revenir ensuite Ă un idĂ©al amoureux? De leur cĂŽtĂ©, les femmes ont mal vĂ©cu l'absence; les retours ont donc Ă©tĂ© difficiles, nombre de divorces ont suivi. Dans les campagnes, les effets de la PremiĂšre Guerre ont Ă©tĂ© dĂ©vastateurs. Il y avait tellement peu de garçons que les parents ont laissĂ© les filles faire ce qu'elles voulaient. L'Ă©mancipation s'est ainsi accĂ©lĂ©rĂ©e. Les annĂ©es qui ont suivi 1945 sont, comme les AnnĂ©es folles, marquĂ©es par une volontĂ© d'Ă©mancipation. On songe au film Les Tricheurs, de Marcel CarnĂ©, qui montre une jeunesse sexuellement trĂšs libĂ©rĂ©e. Oui. C'est aussi Bonjour Tristesse, de Françoise Sagan, Les Amants, de Louis Malle, Le BlĂ© en herbe, d'Autant-Lara... La jeunesse Ă©prouve un immense appĂ©tit de vivre, elle aspire Ă l'amour. A partir de 1945, l'hĂ©donisme s'introduit dans les couples lĂ©gitimes. Le baby-boom en sera un effet. On va devenir exigeant en matiĂšre sexuelle dans les annĂ©es 1960, on ne se marie pas sans avoir "testĂ©" sa future. Si ça se passe mal, on rompt. Cette fois, on veut du plaisir. L'amour n'est pas suffisant. Parfois, il n'est mĂȘme plus nĂ©cessaire. La voie vers la libĂ©ration sexuelle et amoureuse Ă©tait, selon vous, inĂ©luctable? En amour comme ailleurs, il y a une avant-garde, dont les comportements finissent par se gĂ©nĂ©raliser. Certes, tout au long du XXe siĂšcle, certains moralisateurs tentent de revenir en arriĂšre les femmes doivent rester Ă la maison, elles ne doivent pas avorter, ne pas vivre en concubinage... Mais leurs discours sont inopĂ©rants. Lentement, on va passer de l'amour idyllique Ă la sexualitĂ© obligatoire. La "rĂ©volution sexuelle" des annĂ©es 1960 et 1970 est donc le fruit de toutes ces dĂ©cennies de transformations. La maĂźtrise de la reproduction, avec la pilule et la lĂ©galisation de l'avortement, va achever cette libĂ©ration. DĂ©sormais, tous les corps-Ă -corps amoureux sont possibles. >> Du premier baiser Ă l'alcĂŽve, Aubier; Chrysalides. Femmes dans la vie privĂ©e [XIXe- XXe siĂšcles], Publications de la Sorbonne. LIRE AUSSI >> Le sexe Ă la prĂ©histoire cro-Magnon devait connaĂźtre la passion" >> Le sexe au fil des siĂšcles "Les Romains ont inventĂ© le couple puritain" >> Le sexe Ă l'Ancien RĂ©gime "Embrasser une femme mariĂ©e est passible de dĂ©capitation" >> Le sexe au fil des siĂšcles "L'amour est l'ennemi de la RĂ©volution" >> Extrait du Grand Format numĂ©ro 18, L'amour au fil des siĂšcles, juillet-aoĂ»t-septembre 2016, en kiosque actuellement, 6,90 euros. Une du hors-sĂ©rie "L'amour au fil des siĂšcles"L'Express Les plus lus OpinionsLa chronique de Marion Van RenterghemPar Marion Van RenterghemLa chronique de Sylvain FortPar Sylvain FortLa chronique du Pr Gilles PialouxPar le Pr Gilles PialouxLa chronique de Pierre AssoulinePierre AssoulineCultiverdes lĂ©gumes en milieu urbain, sur une petite surface et en grande quantitĂ©, tel est l'objectif de la ferme pilote lancĂ©e par Eric Dargent. InitiĂ© Ă Lyon au printemps 2014 le projet d'agriculture urbaine expĂ©rimentera la
Parcours thĂ©matique Martine Cocaud Introduction Ce parcours est consacrĂ© Ă la modernisation du monde rural entre 1945 et 2000. Les aspects Ă©conomiques et sociaux ont Ă©tĂ© largement pris en compte ; toutefois les films donnent la prioritĂ© aux acteurs du changements les agriculteurs. En 50 ans, le monde agricole breton a Ă©tĂ© confrontĂ© Ă une spectaculaire mutation, qui s'intĂšgre dans le large cadre de la modernisation des campagnes europĂ©ennes mais qui a Ă©tĂ© plus rapide et plus net en Bretagne qu'ailleurs, vu le retard accumulĂ© au dĂ©but du XXe siĂšcle. De 1950 aux annĂ©es 70, la Bretagne rurale va devenir l'exemple de l'adaptation d'un espace Ă la modernitĂ© Ă©conomique. Ce dĂ©veloppement va se faire par des voies originales, mĂȘlant productivitĂ© Ă©conomique et solidaritĂ© humaine, certains parleront alors d'"un modĂšle agricole breton"[1]. Toutefois, Ă partir des annĂ©es 80 ce modĂšle va se trouver confrontĂ© aux Ă©volutions Ă©conomiques et fonctionnelles que connaĂźt toutes les campagnes de l'Europe de l'Ouest difficultĂ©s liĂ©es Ă la concurrence mondiale, difficultĂ©s liĂ©es aux questions environnementales, nĂ©cessitĂ© d'apprĂ©hender le monde rural non plus comme un simple espace Ă©conomique mais comme un cadre de vie " naturel " qui s'oppose Ă l'urbanisation. Face Ă ces dĂ©fis que la Bretagne agricole ressent fortement, elle doit chercher d'autres modĂšles de dĂ©veloppement. [1] Corentin Canevet Le renouveau de l'aprĂšs-guerre A la fin des annĂ©es 40, les structures d'exploitations traditionnelles basĂ©es sur la polyculture-Ă©levage exercĂ©e dans le cadre familial restent prĂ©dominantes. Elles dĂ©gagent de faibles ressources, assurant un niveau de vie moyen aux familles d'agriculteurs. Mais trĂšs vite des forces modernistes vont s'imposer. Une tradition de polyculture familiale AprĂšs la Seconde Guerre mondiale, bien que la contribution de l'agriculture bretonne ne soit pas nĂ©gligeable 8% de la production française pour 6% de la superficie agricole et rappelons que pendant la guerre les 4 dĂ©partements bretons ont Ă©tĂ© excĂ©dentaires en matiĂšre alimentaire les campagnes bretonnes paraissent trĂšs en retard nombreuses petites exploitations familiales pratiquant la polyculture-Ă©levage, superficie moyenne de 10 ha moyenne nationale de 15 ha. Les fermes sont peu mĂ©canisĂ©es par manque de financement, les rendements restent faibles et l'agriculture bretonne, prĂ©occupĂ©e Ă faire vivre une population nombreuse, manifeste peu d'intĂ©rĂȘt pour les marchĂ©s extĂ©rieurs. Elle demeure cependant le secteur principal de l'Ă©conomie jusqu'au dĂ©but des annĂ©es 60 et occupe plus de 40% de la population active en 1962. La nouvelle gĂ©nĂ©ration Toutefois, dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 50, le dĂ©senclavement de la Bretagne - rĂ©gion d'Ă©migration, sous-industrialisĂ©e, sous-Ă©quipĂ©e - devient l'objectif de plusieurs initiatives modernistes qui s'expriment entre autre dans le CELIB. Le premier plan breton - coordonnĂ© pour sa partie agricole par Louis Malassis - est l'occasion de dĂ©gager les grandes lignes du changement. Cette rĂ©volution va ĂȘtre facilitĂ©e par l'inaluence idĂ©ologique de la JAC Jeunesse Agricole Catholique trĂšs puissante en Bretagne. En formant des milliers de jeunes ruraux selon la mĂ©thode " voir, juger, agir ", ce mouvement va ĂȘtre une courroie de transmission de la modernisation. Au nom du progrĂšs, ces jeunes vont bousculer l'encadrement rural traditionnel et faciliter l'Ă©volution socio-Ă©conomique. En remettant en cause les exploitations familiales et en reconnaissant la nĂ©cessitĂ© de l'exode rural, ils vont rendre possible l'industrialisation et l'intensification de l'agriculture bretonne, sans en avoir mesurĂ© toutes les consĂ©quences. Produire plus De ce creuset jaciste surgit une nouvelle gĂ©nĂ©ration de militants syndicaux et politiques qui affirment l'autonomie de la paysannerie face Ă l'encadrement traditionnel. Créé en 1947, le CNJA Cercle National des Jeunes agriculteurs dirigĂ© par Michel Debatisse et Bernard Lambert remet en cause la FNSEA puis devient le courant majoritaire des structures syndicales dans tous les dĂ©partements bretons. Ces impulsions conjuguĂ©es vont permettre Ă la Bretagne de s'engager dans la modernisation. Les annĂ©es 50 sont caractĂ©risĂ©es par une augmentation de la production rendue possible par des amĂ©liorations techniques introduction du maĂŻs, des vaches frisonnes, des engrais, gĂ©nĂ©ralisation des tracteurs, Ă©lectrification gĂ©nĂ©ralisĂ©e, introduction de la comptabilitĂ© d'exploitation, etc.., que permet le recours croissant au crĂ©dit agricole et aux aides de l'Etat. Entre 1950 et 1964, le montant des prĂȘts est multipliĂ© par huit, les agriculteurs s'endettent pour financer l'achat d'Ă©quipements permettant de faire augmenter la productivitĂ©. La diffusion des nouvelles techniques est assurĂ©e par des structures nouvelles une trentaine de CETA Centre d'Etudes techniques Agricoles qui sont créés Ă la fin des annĂ©es 50 et par les GVA Groupe de vulgarisation agricoles. Les annĂ©es 50 correspondent Ă©galement au dĂ©but du remembrement il s'agit alors de remĂ©dier Ă l'extrĂȘme morcellement des exploitations bretonnes en arasant les talus jugĂ©s inutiles et en regroupant les parcelles d'un mĂȘme propriĂ©taire. Cette entreprise qui semble Ă certains indispensable, mais qui en traumatise d'autres, va se rĂ©aliser lentement malgrĂ© la mise en place en 1962 de la SBAFER SociĂ©tĂ© Bretonne d'amĂ©nagement Foncier et d'Etablissement Rural qui a comme objectif de racheter des terres afin de favoriser l'agrandissement des exploitations. C'est l'amorce d'une croissance qui se rĂ©vĂšlera spectaculaire puisque la production - particuliĂšrement dans le secteur animal - prendra un poids considĂ©rable. La Bretagne se spĂ©cialise dans les Ă©levages intensifs de poulets et de porcs, au prix de fortes rĂ©percussions sur l'emploi des terres agricoles. En 1985, 90% de la surface agricole bretonne est consacrĂ©e Ă l'alimentation du bĂ©tail. Nombre de tracteurs, moissonneuses-batteuses et machines Ă traire en Bretagne source annuaire statistiques de la France 1955 Tracteurs 14 533 Moissonneuses-batteuses 1 970 Machines Ă traire 9075 1960 Tracteurs 46 797 Moissonneuses-batteuses 1 970 Machines Ă traire 15 920 1965 Tracteurs 74 811 Moissonneuses-batteuses 5 048 Machines Ă traire 25 246 Jusqu'aux annĂ©es 60, ces changements permettent l'augmentation du niveau de vie de nombreux agriculteurs, sans cependant remettre en cause les structures de production le systĂšme de polyculture-Ă©levage perdure, les petites exploitations se maintiennent. Certes des initiatives annoncent des temps nouveaux premiĂšre coopĂ©rative laitiĂšre de Rennes en 1949, chaĂźnes d'abattage de porcs de Fleury-Michon Ă Bannalec, premier abattoir de poulets industriels crĂ©e par Doux en 1955. Mais les vĂ©ritables mutations qui caractĂ©riseront le " modĂšle agricole breton " ne prendront vraiment forme que dans les annĂ©es 60 dans le contexte de l'organisation Ă©conomique de l'agriculture lois agricoles de 1960 et de 1962. Cette modernisation extrĂȘmement rapide de l'Ă©quipement agricole ne trouve cependant pas d'Ă©chos dans la vie quotidienne les logements restent mal Ă©quipĂ©s seules 49% des communes rurales bretonnes ont l'Ă©lectricitĂ© en 1950 et sont mĂȘme vĂ©tustes puisqu'en Ille-et-Vilaine 60% des fermes sont antĂ©rieures Ă 1870. 1954 Eau courante 11,5% 33,8% WC intĂ©rieur 1,6 3,9% 1962 Eau courante 36% 57,8% WC intĂ©rieur 9,5 13,2% C'est dans ce contexte que l'EDF lance son projet de fermes pilotes. Il s'agit d'amĂ©nager des fermes en proposant un Ă©quipement rationnel permettant Ă la fois d'amĂ©liorer la vie quotidienne et de rentabiliser les grands Ă©quipements installĂ©s par l'entreprise. A la fin des annĂ©es 60, 170 fermes ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es. Si les revenus des agriculteurs ont vraisemblablement augmentĂ© entre 1955 et 1965 + 25 %, environ, ils demeurent infĂ©rieurs Ă la moyenne française et si certains jeunes veulent rĂ©former de l'intĂ©rieur leur cadre de vie, en militant entre autre Ă la JAC ou dans les syndicats, d'autres ne cachent pas leur dĂ©sir de s'installer Ă la ville. Le " modĂšle breton " Cette rĂ©novation de fond qui caractĂ©rise la Bretagne des annĂ©es 60 a permis au gĂ©ographe Corentin Canevet de parler d'un "modĂšle breton" qu'il caractĂ©rise par une rĂ©volution technique rapide qui va permettre une nette augmentation de la production essentiellement tournĂ©e vers l'Ă©levage. une rĂ©volution idĂ©ologique souvent Ă©voquĂ©e par les termes de "rĂ©volution silencieuse" les agriculteurs bretons tentent de mettre en place une forme de dĂ©veloppement original basĂ© sur le progrĂšs et qui associe rationalisme technique et dĂ©veloppement collectif. A partir des annĂ©es 70, ce modĂšle sera remis en cause dans le cadre d'un nouveau contexte agricole mondial. Un nouveau contexte agricole Les lois agricoles du dĂ©but des annĂ©es 60 s'attaquent aux structures de l'agriculture française en essayant de faire disparaĂźtre les exploitations jugĂ©es non viables car trop petites loi de 1960 mais aussi en rĂ©formant l'organisation du marchĂ© agricole la loi de 1962 permet la reconnaissance des groupements de producteurs. Ces dĂ©cisions sont Ă mettre en rapport avec la mise en place du marchĂ© commun le 1er janvier 1958. Le mythe de la compĂ©titivitĂ© va alors remplacer celui de la productivitĂ© des annĂ©es 50. La deuxiĂšme rĂ©volution agricole On parlera alors d'une deuxiĂšme rĂ©volution qui correspond Ă un changement de systĂšme agraire avec passage du systĂšme de polyculture-Ă©levage paysan vers celui d'un systĂšme agro-industriel intĂ©grĂ© Ă l'Ă©conomie de marchĂ©. Ce dernier se caractĂ©rise d'une part par la spĂ©cialisation des exploitations qui dĂ©veloppent des productions marchandes dont l'Ă©levage hors-sol et d'autre part, par la croissance de l'industrie agro-alimentaire. Les secteurs laitier, porcin et avicole en sortent totalement bouleversĂ©s la collecte industrielle du lait reprĂ©sente 25% de la production en 1958 et 76% en 1968. la production de poulets de chair passe de 5 000 tĂȘtes en 1957 Ă 30 000 en 1965 et 83 000 en 1985. Les industries agro-alimentaires qui avaient commencĂ© Ă se dĂ©velopper juste aprĂšs la guerre s'allient aux exploitations familiales pour atteindre les marchĂ©s nationaux et internationaux. Ces industries ont plusieurs origines mais une majoritĂ© d'entre elles provient du secteur coopĂ©ratif - originalitĂ© Ă remarquer et qui s'explique en partie par l'idĂ©ologie moderniste du milieu agricole breton. Mis Ă part pour l'industrie laitiĂšre, les capitaux d'origine nationale sont rares et ceux d'origine Ă©trangĂšre le sont encore plus, du moins jusqu'aux annĂ©es 70. AidĂ©e dans sa rĂ©flexion par des chercheurs de l'INRA, de l'Ă©cole d'agronomie, et par des syndicalistes, la paysannerie bretonne trĂšs dynamique adopte de nouvelles structures qui visent certes la rentabilitĂ© mais aussi une meilleure organisation du travail les CUMA CoopĂ©ratives d'Utilisation du MatĂ©riel Agricole, les GAEC Groupement agricole d'Exploitation en Commun, les centres de gestion et de comptabilitĂ© se multiplient. On peut en effet Ă©voquer un "modĂšle breton" qui veut permettre la sauvegarde du pouvoir Ă©conomique paysan face au capitalisme agro-alimentaire car les chevilles ouvriĂšres de ce projet sont des coopĂ©ratives d'agriculteurs qui mĂȘlent intĂ©gration capitaliste et militantisme syndical. Les exemples les mieux connus sont sans doute ceux de la COOP-agri, fusion des diverses coopĂ©ratives de l'Office Central de Landerneau, de l'UNICOPA et de la CAB CoopĂ©rative des agriculteurs de Bretagne. Ils traduisent une certaine capacitĂ© Ă s'adapter et Ă saisir les opportunitĂ©s. Cependant les coopĂ©ratives se limitent le plus souvent Ă la premiĂšre transformation, qui fournit une marge bĂ©nĂ©ficiaire faible. Un monde en mouvement Les agriculteurs bretons, trĂšs mobilisĂ©s syndicalement, se battent pour imposer leur modĂšle face au dĂ©veloppement capitaliste de l'agriculture. Ils s'engagent dans de nombreuses actions spectaculaires parfois violentes. En 1960, les lĂ©gumiers du FinistĂšre entrent en lutte pour une rĂ©forme de la mise en marchĂ©. En 1962 des actions sont menĂ©es contre les non agricoles qui accaparent les terres. La mĂȘme annĂ©e "la bataille du rail" impose une baisse des tarifs et la mise en voie de la ligne Guingamp-Carhaix. Enfin, les premiĂšres mobilisations contre la PAC prennent forme en 1962.Lavie Ă la ferme, Collectif, Piccolia. Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de rĂ©duction . La matinĂ©e a rarement le temps de sâĂ©couler sans que Jean-Jacques, 85 ans, nâarrive Ă la ferme dans son mini 4 x 4 beige Jimmy aux faux airs de Jeep, plus maniable que le pick-up quâil avait autrefois. Nous sommes en Alsace, dans le village de Hoerdt Bas-Rhin. Jean-Jacques descend de la voiture, empoigne une tomate dans le palox sur le dĂ©part pour le marchĂ©-gare MIN marchĂ© dâintĂ©rĂȘt national de Strasbourg, un grossiste, et la coopĂ©rative qui fournit les magasins Lidl de toute la rĂ©gion.â ENQUĂTE. Deux agriculteurs jugent la politique agricole communeIl fronce les sourcils, fait mine de superviser. Eh oui, toute entreprise a son contrĂŽle qualitĂ©, nâest-ce pas ! », sâexclame son petit-fils Emmanuel Dollinger, 35 ans. Celui quâon appelle Manu » est attendri devant ce vieil homme qui nâest plus aux commandes, mais sans qui toute cette affaire nâexisterait pas. Son autre grand-pĂšre, Manu lâa Ă peine connu. Il est mort, Ă©crasĂ© par son tracteur, Ă 63 ans. On ressent dans la chair, chez les Dollinger, ce vrai choix de vie dâĂȘtre agriculteur. Jâai eu lâidĂ©e, mes parents avaient tout le reste » Mor din auto papy, ich möcht die garage schon ! » Sors ta voiture papy, jâai besoin du garage ! », Manu interrompt son grand-pĂšre en alsacien. Le jeune homme est aujourdâhui Ă la tĂȘte dâune entreprise de dix salariĂ©s â dont sa sĆur et son ami dâenfance font partie 180 ha de surface agricole, en propriĂ©tĂ© et en baux ruraux, dont 120 de blĂ©, et 60 dâune vingtaine de variĂ©tĂ©s de lĂ©gumes en partie sous serres. Une success story », sur le papier. Mais dans le monde agricole, ça nâest jamais gagnĂ© », rappelle Annie, la mĂšre de Dollinger, 35 ans, est Ă la tĂȘte dâune exploitation de maraĂźchage et de grande culture Ă Hoerdt, en Alsace. / Victorine Alisse pour La Croix LâHebdo En rejoignant ses parents comme salariĂ© en 2005, Manu a ouvert un magasin Ă la ferme pour tirer un revenu supplĂ©mentaire », Ă lâendroit oĂč dormaient au siĂšcle dernier les bĂȘtes et le foin. La vente Ă la ferme commençait seulement Ă ĂȘtre Ă la mode. Jâai eu lâidĂ©e, mes parents avaient tout le reste », ans plus tard, le commerce reprĂ©sente prĂšs des deux tiers du chiffre dâaffaires et fĂ©dĂšre une cinquantaine de producteurs de la rĂ©gion, du fromage aux Ă©pices en passant par les fruits, les confitures, les farines et la charcuterie. Tu es forcĂ©ment dans le respect du passĂ©, car tu ne crĂ©es pas tout quand tu reprends, tu tâinscris dans une lignĂ©e », explique Manu. Les gens qui sont dans leur champ, ils sont vivants »Jean-Jacques, 85 ansIl y a cinq ans, son grand-pĂšre montait encore sur le tracteur pour donner un coup de main Le travail, câest un mĂ©dicament. Les gens qui sont dans leur champ, ils sont vivants », dit souvent Jean-Jacques. Mais il ne peut physiquement plus. Lâagriculteur est une espĂšce qui trime jusquâĂ ce que son corps ne puisse plus⊠», sourit cette rĂ©gion de lâest de la France, le travail en famille, tout comme les villages, connaissent encore une certaine vitalitĂ©. Mais si lâapport familial garde une dimension informelle, cela fait longtemps que les fermes françaises ne fonctionnent plus exclusivement sur la main-dâĆuvre familiale.â REPORTAGE. Le long de la Loire, le retour de la pĂȘche artisanaleQuand Manu a pris la tĂȘte de lâexploitation en 2012, aprĂšs avoir Ă©tĂ© salariĂ© durant sept ans, il a fait basculer les statuts de sociĂ©tĂ© familiale Ă exploitant seul. Il a perçu Ă cette Ă©poque la dotation jeune agriculteur DJA, versĂ©e par lâĂtat aux exploitants agricoles de moins de 40 ans qui sâinstallent pour la premiĂšre fois. La DJA oscille entre 8 000 et 36 000 âŹ, en fonction du relief plaine ou montagne et surtout est assortie de conditions strictes chiffre dâaffaires sur cinq ans ; niveau de diplĂŽme minimum. La ferme familiale » prend un nouveau visageAnnie, la mĂšre de Manu, 58 ans, pas encore en Ăąge de partir Ă la retraite, est devenue salariĂ©e de son fils aprĂšs avoir eu le statut dâexploitante toute sa arrivant dans lâexploitation, beaucoup dâenfants dâagriculteurs de moins de 40 ans crĂ©ent ainsi une sociĂ©tĂ©, sous forme de Gaec groupement agricole dâexploitation en commun ou dâEARL entreprise agricole Ă responsabilitĂ© limitĂ©e, ce qui permet de dĂ©velopper lâexploitation tout en prĂ©servant son patrimoine personnel, et de faciliter la transmission, en devenant un acteur Ă parts Ă©gales avec les parents le temps de leur dĂ©part Ă la retraite. Les Gaec reprĂ©sentent une minoritĂ© des exploitations françaises 11,8 %, la plupart Ă©tant en nom personnel.â ENTRETIEN. Promouvoir une agriculture exigeante et intensive en emplois »VoilĂ , ce quâon appelait autrefois la ferme familiale » prend un nouveau visage un agriculteur seul, aidĂ© par ses parents, avec un ou plusieurs salariĂ©s. De moins en moins, il sâagit dâune affaire de couple ou de famille. Entre les deux derniers recensements agricoles 2000 et 2010, les binĂŽmes agricoles, dont la plupart sont des conjoints, ont chutĂ© de 50 %.Lâexploitation familiale Ă©largie a, elle, chutĂ© de 68 %, au profit des salariĂ©s et des associations de deux exploitants. Le modĂšle de lâexploitant seul se maintient, et le retrait progressif des aides familiales est compensĂ© par des emplois saisonniers parfois difficiles Ă recruter de maniĂšre durable. La famille est encore perçue comme la garantie dâune certaine loyautĂ©, dâune durabilitĂ© et dâune homogĂ©nĂ©itĂ© entre la vie professionnelle et la vie Dollinger, Ă Hoerdt, dans le Bas-Rhin. / Victorine Alisse pour La Croix LâHebdo Dans la maison alsacienne Ă colombages oĂč habitent les parents et les grands-parents de Manu, on vivait tous ensemble sous le mĂȘme toit, les grands-parents dans une chambre, les parents dans lâautre, nous en dessous, se souvient Jean-Jacques, qui a rejoint sa belle-famille dans les annĂ©es 1960. Mais⊠ce nâĂ©tait pas bien ! On se sentait toujours observĂ© par notre belle-famille. Il nây avait que dans son lit quâon Ă©tait enfin chez soi. Lâesprit de force dâune famille, câest difficile Ă supporter pour une piĂšce rapportĂ©e ! »Son petit-fils Manu a beau ĂȘtre issu de ce modĂšle, il lâa rejetĂ©. Il Ă©vite dâaborder sĂ©rieusement avec sa compagne Charline lâidĂ©e quâelle le rejoigne un jour. Elle travaille dans le secteur de lâautomobile, Ă 10 km de la ferme. Il est conscient pourtant quâune telle exploitation serait plus facile Ă porter Ă deux. Ils ont fait construire leur maison derriĂšre lâune des granges, oĂč ils viennent dâaccueillir leur premier enfant. Ses grands-parents cĂ©lĂšbrent soixante ans de mariage, mais Manu sait que les couples aujourdâhui sont plus fragiles, les individus plus indĂ©pendants, le sens du sacrifice moins prĂ©sent. Dans ce mĂ©tier, si tu nâavances pas, tu recules »Câest Charles PĂ©gouriĂ©, 69 ans, qui prononce cette sentence. Les doigts pleins dâarthrose, il aide dans la nuit encore noire son fils Cyril, 40 ans, Ă ramasser les pommes de terre Ă Cajarc, dans le Lot. Charles connaĂźt le travail des champs depuis lâĂąge de 5 ans, et sa retraite nâexistera jamais vraiment. Cyril ? câest le meilleur de nous tous ! », promettent les agriculteurs du voisinage. Le calcul de Cyril PĂ©gouriĂ©, le fils de Charles, est simple faire du volume, et se diversifier. Quand Charles a rachetĂ© sa ferme Ă Cajarc il y a quarante ans, il avait 20 ha. Son fils en a aujourdâhui 100.â Ă LIRE. Une meilleure retraite se dessine pour les agriculteursCharles se souvient du moment oĂč la population agricole sâest mise Ă diminuer. Les voisins venaient lui proposer de racheter leur terre, ou reprendre un bail. Les terres libĂ©rĂ©es par les dĂ©parts des agriculteurs ĂągĂ©s sans relĂšve ont plus souvent servi Ă agrandir les exploitations en place quâĂ lancer des jeunes agriculteurs hors cadre familial. Câest contre ce phĂ©nomĂšne encore rĂ©pandu que se bat la Safer SociĂ©tĂ© dâamĂ©nagement foncier et dâĂ©tablissement rural, qui Ă un niveau local rĂ©gule lâaccĂšs au foncier PĂ©gouriĂ©, Ă Cajarc, dans le Lot. / Victorine Alisse pour La Croix LâHebdo MalgrĂ© ces garde-fous, la course Ă la terre » est rĂ©elle et alors quâun agriculteur hĂ©ritait dâune dizaine dâhectares en 1950, il en hĂ©rite aujourdâhui dâune cinquantaine. Le paradoxe, câest que si les productions se sont multipliĂ©es par dix, leur rentabilitĂ© a drastiquement diminuĂ© avec la baisse des prix rĂ©els. En quelques dĂ©cennies, la production agricole est devenue tributaire des cours fortement volatiles des marchĂ©s spectre de lâendettement Mon fils sâest endettĂ© Ă hauteur de 380 000 ⏠», confie Charles PĂ©gouriĂ©. Cyril a construit une plateforme qui permet de centraliser la rĂ©colte du maĂŻs de tous les producteurs du dĂ©partement avec lâusine Caussade. Il a aussi construit un hangar de 65 mĂštres de long au-dessus de la ferme il y a quelques mois, afin dâaccueillir 200 chĂšvres, une nouvelle il a retapĂ©, seul, lâancien sĂ©choir Ă tabac en gĂźte. Il nâa pas pris de vacances depuis trop longtemps », sâinquiĂšte son pĂšre. Charles sait trĂšs bien que lâagrandissement de lâexploitation nâest pas un gage de robustesse Ă©conomique, et que tout cela tient Ă un fil la santĂ© de son fils. Je ne sais pas si je lui ai fait un cadeau en lui cĂ©dant la ferme »Charles PĂ©gouriĂ©, 69 ansDepuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, lâendettement est passĂ© de 37 Ă 42 % du total des actifs des exploitations françaises RĂ©seau dâinformation comptable agricole, Rica, 2018. Je ne sais pas si je lui ai fait un cadeau en lui cĂ©dant la ferme », soupire Charles, assis seul au bout de la table de sa cuisine. Ce matin-lĂ , Cyril passe une tĂȘte, le visage fatiguĂ© Alors, il rĂ©pond bien aux questions de la journaliste mon pĂšre ? », sâamuse-t-il, lâair pressĂ©.â LES FAITS. La Dordogne aide ses agriculteurs Ă partir en vacancesPuis Ă la seule question que je lui pose en retour Aurezâvous quelques minutes dans les deux jours pour Ă©changer ? », il rĂ©pond Je dors quatre heures par nuit, je nâai dĂ©jĂ pas le temps de vivre⊠Donc je nâaurai pas le temps pour une interview, non, dĂ©solĂ©. » Câest sans appel. Il sâen va. "Pas une minute", jâai trĂšs peur quâil soit arrĂȘtĂ© par un pĂ©pin de santĂ© mon fils, voilĂ ce qui me fait peur », lĂąche son pĂšre en baissant les yeux. Le plus dur, câest la solitude »Câest ce que confie Mathilde Gibert, 27 ans. Et ce constat lâa amenĂ©e Ă faire un choix de vie Ă contre-courant⊠Elle a rejoint la ferme parentale Ă Saint-Mard, en Seine-et-Marne, juste avant le confinement, aprĂšs avoir mĂ»ri durant trois ans cette reconversion. Ce nâest pas commun dans la rĂ©gion, une jeune femme qui dĂ©cide de reprendre des centaines dâhectares de grande culture maĂŻs, blĂ©, orge, colza et de betterave en conventionnel.â ANALYSE. Le bio, plus rentable que lâagriculture conventionnelle ?Les Gibert vivent dans la maison de la ferme depuis plus de cent ans. Mais Mathilde, elle, fait exception. Elle aime son indĂ©pendance et la vie parisienne. Elle a donc dĂ©cidĂ© de faire chaque jour lâaller-retour en voiture, une quarantaine de minutes, depuis la capitale, un choix que son pĂšre peine Ă Gibert et son pĂšre, Ă Saint-Mard, en Seine-et-Marne. / Victorine Alisse pour La Croix LâHebdo Lunettes rondes, le teint mate, les ongles faits, un petit haut marin, des tennis blanches comme neuves, Mathilde Ă©coute des podcasts sur son tracteur qui dĂ©chaume un look citadin qui ne cache pas son bon sens agricole » et son franc-parler redoutable. Jâai besoin dâune vie sociale forte, câest pas une vie de sâenfermer avec ses parents comme on faisait avant. Et si le tracteur permet de se vider le cerveau, les heures passĂ©es seule peuvent aussi faire cogiter, quand on a des idĂ©es noires en tĂȘte. » Ă mesure quâelle trace des sillons, les goĂ©lands se servent en vers dans la terre fraĂźchement retournĂ©e.â Ă LIRE. Ces agriculteurs qui choisissent de vivre en villeSon expĂ©rience au service installation » Ă la chambre dâagriculture lui a confirmĂ© que le modĂšle familial peut parfois ĂȘtre contre-productif, voire destructeur. Le choix de reprendre la ferme, de moins en moins dâenfants dâagriculteurs sont prĂȘts Ă le faire, en tout cas pas de la façon dont les parents lâont fait. »372 suicides en 2015Les chiffres traduisant un mal-ĂȘtre chez les agriculteurs qui nâont pas de repreneurs sont Ă©vocateurs. Les questions de transmission font partie des facteurs secondaires de risques psychosociaux, surtout chez les 55-65 ans. Nos agriculteurs sont parfois fiers en apparence. Ils vont entrer en faillite et autour dâeux personne ne sâen rendra compte. Câest comme ça quâarrivent des drames. Câest arrivĂ© dans des familles que je connais bien », raconte la MutualitĂ© sociale agricole MSA qui voit le mieux ces situations arriver, lorsque les exploitants ne peuvent plus payer leurs cotisations. Elle dĂ©clarait 372 suicides en 2015. Lâagriculture, câest le projet dâune vie entiĂšre »Mathilde Gibert, 27 ansLa mĂšre de Mathilde, Marie-CĂ©cile, a Ă©mis quelques doutes lorsque sa fille a dit vouloir reprendre la ferme. Ma mĂšre a peur que je ne trouve personne. Elle nâa pas tort, ça fait flipper les garçons, une nana qui reprend une ferme ! », lance-t-elle en jouant les grands yeux. Elle nâexclut pas que son ancien petit ami ait pris peur quand il a compris ses intentions. Lâagriculture, câest le projet dâune vie entiĂšre », reprend la jeune femme.â REPORTAGE. Suicides dâagriculteurs, le monde paysan au bord du prĂ©cipiceEt si les agriculteurs en 2020 ont un point en commun, câest quâils reprennent lâexploitation dans la grande majoritĂ© par choix, et non plus par dĂ©faut. Ils sont lucides devant lâincertitude dans laquelle les mutations climatiques et la marche du monde les plongent, mais conjuguent avec une certaine sĂ©rĂ©nitĂ© cette idĂ©e quâil est devenu impossible de dire je ferai cela, et je le ferai comme cela toute ma vie ». Câest une gĂ©nĂ©ration qui nâa pas peur de lâinconnu », reconnaĂźt le pĂšre de Mathilde, Christophe, 60 Gibert, Ă Saint-Mard, en Seine-et-Marne. / Victorine Alisse pour La Croix LâHebdo Si certains enfants dâagriculteurs doivent se dĂ©tacher du discours de parents inquiets avant de sâinstaller, câest parce que demeure le souvenir pas si lointain de tous ceux qui se sont sacrifiĂ©s en termes de revenu et de vie familiale pour faire honneur Ă lâhĂ©ritage. Dans les familles rouergates et bĂ©arnaises, la tradition voulait jadis quâune partie de la fratrie parte charron, ou dans des brasseries Ă la capitale, quittant la ferme souvent petite pour laisser la place Ă lâaĂźnĂ©. Ces codes ont fonctionnĂ© un temps mais ils ne prĂ©valent histoires de vie dont Mathilde a Ă©tĂ© tĂ©moin Ă la chambre dâagriculture ne sont pas sans rappeler le film Au nom de la terre, sorti lâan dernier, avec Guillaume Canet. Lâhistoire vraie dâun agriculteur, Christian, ayant mis fin Ă ses jours face Ă dâinsurmontables problĂšmes financiers.â CRITIQUE. Au nom de la terre », un tribut filial au monde paysanLe film fait Ă©tat du croisement des gĂ©nĂ©rations, avec en toile de fond la difficultĂ© Ă dialoguer en famille Ă la campagne, et cette phrase du fils Ă son pĂšre Câest fini le temps oĂč il suffisait de travailler comme un forçat, jâsuis un entrepreneur moi, jâinvestis. Je mâadapte au marchĂ©, je vais de lâavant, que ça te plaise ou non. » La connaissance de la terreMathilde est diplĂŽmĂ©e de lâISA Institut supĂ©rieur dâagriculture, Ă Lille, son bagage dâingĂ©nieur lâa aidĂ©e Ă comprendre certains mĂ©canismes mais câest encore son pĂšre, Ă la tĂȘte de lâexploitation, qui lui dit quoi faire chaque matin. Lorsquâelle est constructive, la prĂ©sence des parents reste un soutien prĂ©cieux pour lâenfant qui sâ se souvient de tous les jeunes exploitants pleins de bonne volontĂ© quâelle a vu capoter » quand elle travaillait Ă la chambre dâagriculture, parce quâils nâĂ©taient pas issus du milieu et se retrouvaient seuls. La prĂ©sence des parents peut mettre la pression mais elle apporte le capital, et elle fait aussi gagner beaucoup de temps en apprentissage. » Les parents transmettent, avec la terre, la connaissance de la terre. Aujourdâhui, les jeunes ne veulent plus recevoir de croyances en hĂ©ritage »Pierre Gibert Lâagriculture vous tend les bras », câĂ©tait le thĂšme du Salon de lâagriculture cette annĂ©e. Le signal est fort et partout il y a urgence Ă voir des jeunes sâinstaller. La crise dĂ©mographique initiĂ©e par la pyramide des Ăąges nâen est quâĂ ses dĂ©buts 35 % des exploitants actuels ne trouveront pas de relĂšve dâici Ă quatre ans. Il y a cinquante ans, il Ă©tait plus facile pour un parent de transmettre sa terre Ă son enfant, tout comme il Ă©tait plus facile de transmettre sa foi. CâĂ©tait pour les parents une façon de perpĂ©tuer des croyances. Aujourdâhui, les jeunes ne veulent plus recevoir de croyances en hĂ©ritage », confie Pierre Gibert, le grand-pĂšre de Mathilde, en tapotant la table devant lui du bout de sa les systĂšmes productifsLes enfants qui reprennent la ferme familiale, soit 70 % des exploitations françaises, ont des profils devenus inclassables. Parce que le chemin de la reprise nâest pas tout tracĂ©. Parmi ceux qui reprennent, le dĂ©tour par une vie dâavant », un autre mĂ©tier ou des Ă©tudes supĂ©rieures longues, a souvent permis une prise de recul et le dĂ©veloppement dâun esprit critique. La plupart des jeunes sortent de BTS, oĂč lâon dispense des enseignements pratiques autour de la production.â TĂMOIGNAGES. Ces jeunes qui veulent devenir agriculteursMais de plus en plus nombreux sont les diplĂŽmĂ©s dâune Ă©cole dâingĂ©nieur, avec une formation gĂ©nĂ©raliste et souvent plus conceptuelle. Aujourdâhui, les entreprises agricoles sont des affaires complexes, et le chef dâexploitation est amenĂ© Ă gĂ©rer plus quâĂ faire. Quâils soient fils de paysans ou non, les nouveaux agriculteurs sâinstallent plus tardivement et, quand ils sâinstallent, se sont formĂ©s Ă des compĂ©tences commerciales et marketing. Câest cet apport qui rend le visage de lâagriculture si multiple. Et cette nouvelle gĂ©nĂ©ration repense les formes et les finalitĂ©s des systĂšmes Lafargue, 28 ans, seul pour gĂ©rer une exploitation de volailles et de grande culture Ă Saint-Girons, dans le BĂ©arn. / Victorine Alisse Pour La Croix LâHebdo Pour faire face Ă la pression fonciĂšre grandissante, il y a des solutions alternatives envisagĂ©es Ă la reprise la pluriactivitĂ© â ĂȘtre agriculteur mais pas seulement â, les Ă©nergies, pour gĂ©nĂ©rer un revenu grĂące aux toits de ferme recouverts en photovoltaĂŻque notamment, la voie de la transformation du produit, quand cela est possible â en miel, confiture. Les circuits courts sont aussi une alternative Ă lâimpossible agrandissement de lâexploitation autant quâune façon de renforcer le tissu local. Enfin, la diversification culturale.â CRITIQUE. Retour sur Terre » le manifeste Ă©cologique des intellectuelsLe sociologue Henri Mendras, auteur de La Fin des paysans 1967, annonçait quâen lâespace de quelques dĂ©cennies lâagriculture française changerait de logique. La rĂ©ponse, la solution », souvent fantasmĂ©e ou rĂ©ductrice, sera en fait multiple. Sâil y a eu lâexode rural au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, câest parce que lâintĂ©rĂȘt pour la terre sâĂ©tait perdu. Mais il renouveau de lâappĂ©tence pour les mĂ©tiers de la terre montre quâils sont considĂ©rĂ©s comme des mĂ©tiers porteurs de sens. Le confinement a permis de toucher du doigt ce que voulait dire nourrir la population ». Câest la vocation de tous ces jeunes qui se lancent dans lâaventure. GrandesĂ©lection de Stickers & Autocollants La Vie De Ferme personnalisables sur Zazzle. 7 formats classiques et stickers contours disponibles. Commandez aujourd'hui!
GeorgeOrwell et La Ferme des animaux. En 1943, George Orwell quitte son emploi à la BBC pour écrire "La Ferme des animaux", apologue publié en 1945. Son titre original est Animal Farm. A Fairy Story. Le roman est court, seulement une dizaine de chapitres, mais c'est une satire brillante du stalinisme et des régimes autoritaires. Le récit
l'essentiel Pour la plupart, les couvents construits dans la bastide nâont pas survĂ©cu au mouvement rĂ©volutionnaire. Câest le cas du couvent de cordeliers devenu Haras national. Dâautres ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par lâhĂŽtel des postes ou lâancienne mairie. Elle seule subsiste. Mais Ă part dans les ouvrages consacrĂ©s au patrimoine Villeneuvois le terme exact dâabbaye dâEysses nâapparaĂźt au profit de la nouvelle destination des lieux une prison. Le Villeneuve, du Moyen Ăge jusquâau XIXe siĂšcle fut une commune riche de bĂątiment cultuel, Ă©glise, chapelle, abbaye, couvent. Du couvent des cordeliers aux haras nationalUn couvent de cordeliers est fondĂ© dans le quartier Saint-Etienne, aujourdâhui on dirait rue de Bordeaux, sans doute Ă la fin du XIIIe siĂšcle par Arnaud Darnio et Bernard de Lustrac, selon lâhistorien Fernand de Mazet. Mais rien ne fut facile pour les religieux puisquâil fallut un procĂšs pour convaincre les bĂ©nĂ©dictins dâEysses et les consuls de la ville Ă le reconstruire aprĂšs 1450. DâaprĂšs le plan de Villeneuve en 1791 et les estimations rĂ©volutionnaires, le cloĂźtre Ă©tait fermĂ© par trois ailes de bĂątiments conventuels et par lâĂ©glise au sud, dotĂ©e dâun clocher-tour surmontĂ© dâune flĂšche en ardoise. Devenu bien national Ă la RĂ©volution, le couvent est partiellement dĂ©moli et la flĂšche est descendue en 1793. Avant 1838, le dĂ©pĂŽt dâĂ©talons est installĂ© dans lâaile nord, seule subsistante. Suite Ă une loi augmentant le nombre dâĂ©talons en France, deux Ă©curies Ă boxes 34 places sont Ă©difiĂ©es en 1875 sur les plans dâAdolphe Gilles, architecte de la ville. LâaccĂšs des Ă©curies est facilitĂ© par le percement de la rue des Haras, menĂ© par J. Comte, conducteur des Ponts et ChaussĂ©es, en 1876. Un manĂšge est amĂ©nagĂ© en 1878. Les bureaux, le portail rue de Bordeaux et les logements du directeur et du directeur adjoint sont bĂątis au tournant des 19e et XXe siĂšcles. Il sâensuivit, avant que la ville ne retrouver des prĂ©rogatives sur la propriĂ©tĂ© des lieux, un long procĂšs finalement gagnĂ© par lâadministration communale. Le couvent des SĆurs de LestonnacUn couvent de religieuses, identifiĂ© par Fernand De Cassany-Mazet comme Ă©tant un couvent de clarisses, mĂ©diĂ©val, est plutĂŽt le couvent de sĆurs de Jeanne de Lestonnac ou religieuses de Notre-Dame fondĂ© Ă Villeneuve-sur-Lot en 1 642. LâĂ©difice est bĂąti entre la fin du 17e et le dĂ©but du XVIIIe siĂšcle, puisque lâĂ©vĂȘque le trouve neuf en 1733. Ă la RĂ©volution, il devient bien national le tribunal, la sous-prĂ©fecture, et la mairie sont installĂ©s dans le bĂątiment principal, les prisons dans lâaile nord. Le dĂ©placement de la sous-prĂ©fecture en 1845, du tribunal en 1848 et de la prison en 1855, laisse place libre Ă lâhĂŽtel de ville. Gustave BouriĂšres, architecte du dĂ©partement, rĂ©nove le bĂątiment lâĂ©lĂ©vation principale reçoit un dĂ©cor de style nĂ©o-classique chambranles moulurĂ©s, larmiers sur consoles, balustres, balcon.Le couvent des CapucinsLa cour, dĂ©gagĂ©e par la dĂ©molition de la prison, devient place publique, fermĂ©e sur le cĂŽtĂ© gauche par lâimpressionnante construction de la Caisse dâĂ©pargne. En 1999, lâhĂŽtel de ville est dĂ©mĂ©nagĂ© dans lâĂ©cole de la Croix qui allait devenir dâabord le collĂšge de jeunes filles puis la nouvelle mairie. Sur la place du 18 juin, aprĂšs deux bonnes annĂ©es de travaux, lâancien couvent est vendu et divisĂ© en appartements de standing, avec, bien sĂ»r, vues sur le couvent de capucins est fondĂ© Ă Villeneuve en 1619. En 1623, une maison sur la rive droite au bord du Lot est achetĂ©e Ă Jean de Cieutat. LâĂ©difice bĂąti peu aprĂšs comporte quatre corps de bĂątiments autour dâun cloĂźtre Ă arcs en plein cintre la chapelle, deux ailes dâoffices grenier et chai et une aile abritant rĂ©fectoire et cellules et le jardin qui sâĂ©tend jusquâĂ la riviĂšre. Une chapelle latĂ©rale est ajoutĂ©e Ă lâĂ©glise du couvent par Antoine Philipart, maçon, en 1660, selon Antonio de Zappino. Le couvent devient bien national Ă la RĂ©volution, et abrite lâadministration du district et le tribunal. AprĂšs un Ă©change avec la ville, le collĂšge fondĂ© en 1 800 y est installĂ© en 1806. Les dĂ©pendances ouest sont cĂ©dĂ©es Ă lâĂ©cole des frĂšres. En 1871, lâĂ©tablissement libre devient collĂšge communal ; la chapelle sert dâĂ©tude. En 1891, il est reconstruit sur les plans dâAdolphe Gilles, architecte de la ville, par Comte et Renoux, entrepreneurs villeneuvois, Henri Carles Ă©tant maire et François Drouelle principal. Il prĂ©sente un plan en U, avec le bĂątiment de lâadministration sur la rue du CollĂšge, et les deux ailes de classes en retour jusquâau Lot. Il est rĂ©quisitionnĂ© comme hĂŽpital auxiliaire pendant la guerre de 1914-1918. Il est dĂ©moli Ă la fin des annĂ©es 1960, pour faire place au nouveau bĂątiment de la poste. 6XracM.